“Associer pépinière et agriculture”
Teun De Jong, installé dans le Pas-de-Calais, a choisi d'associer les métiers de pépiniériste et d'agriculteur, et de profiter ainsi de la complémentarité des deux activités.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Voilà dix ans que Teun De Jong dirige les pépinières de Tortefontaine avec son épouse Martine, dans le Pas-de-Calais. Ses parents possèdent une exploitation aux Pays-Bas : l'entreprise De Jong-Van Laarhoven BV produit des arbres tiges. Avant de s'installer en France, Teun De Jong a visité l'Allemagne, la Hongrie, la Bulgarie. « Le printemps y est trop court. Dans le Pas-de-Calais, il gèle moins fort et moins longtemps que dans ces pays, ce qui permet l'arrachage, la plantation... » Déjà atypique par son choix d'expatriation, le pépiniériste a choisi un modèle de production particulier pour rentabiliser son exploitation : « associer pépinière et agriculture ».
« L'activité agricole permet de rentabiliser une partie du matériel », explique Teun De Jong. L'activité en production de ligneux diminue en effet d'avril à octobre ; durant cette période, la ferme prend le relais, faisant usage des huit tracteurs de 50 à 280 CV que la pépinière utilise plutôt en hiver. Sur ses 350 ha d'exploitation, le producteur cultive avec deux salariés 285 ha de betteraves, céréales, lin... Il réalise le suivi avec un technicien de la coopérative agricole Calipso-Picardie, pour laquelle travaillait déjà l'ancien propriétaire. « Le travail en grandes cultures me passionne et ça me change de celui de la pépinière. » Soixante-cinq hectares sont consacrés aux arbres de pleine terre. L'activité a nécessité néanmoins d'investir dans des engins spécifiques : une arracheuse Holmac (lames de 40 à 140 cm de diamètre) ; deux arracheuses Optimal de 110 cm et 140 cm pour les plus gros sujets ; deux grues Mecalac pour le chargement des mottes grillagées ; dix remorques conçues pour le transport des mottes grillagées ; un chargeur télescopique JCB 4 t ; une planteuse Damcon PL-40 pour la transplantation d'arbres de 1,75 m jusqu'aux 16/18 racines nues ; une planteuse Damcon PL-85 pour la transplantation d'arbres jusqu'aux 70/80 mottes grillagées ; et trois plates-formes pour la taille.
Le deuxième avantage non négligeable à reprendre une ferme agricole tient à la logistique. « À Eindhoven (Pays-Bas), il est possible d'avoir 90 ha de pépinière, mais situés à plus de 10 km autour des hangars : il faut faire une demi-heure de route avant de travailler ! » Le pépiniériste bénéficie d'un terrain non morcelé, directement accessible des bureaux et du hangar sans avoir à traverser la route. Chacun des cinq blocs rectangulaires délimités par les chemins internes sont eux-mêmes divisés en cinq bandes de plantation. Les jeunes plants de diamètre 6/8 et 8/10 sont installés sur les lignes les plus proches du hangar. Teun De Jong les achète aux Pays-Bas et en France. Après cinq ans de culture, les arbres sont arrachés, transplantés dans une nouvelle parcelle et taillés.
Contrairement à un cernage en place, les végétaux sont transplantés dans un sol travaillé et reposé. Chaque terrain libéré par l'arrachage est planté de maïs grain puis de blé et d'engrais vert sur un cycle de rotation de 2-3 ans. Après la dernière récolte, les terres sont préparées pour le mois d'octobre par décompactage et apport de compost et de fumier de bovin (qu'il échange contre de la paille). Par ailleurs, l'enherbement entre les rangs limite l'impact du passage des engins sur la structure du sol. Un arrosage au pied des arbres est effectué au tuyau à chaque transplantation et en cas de sècheresse. « Du fait de l'écartement entre les arbres (2 m entre les rangs, et de 2,25 m à 3 m sur le rang), nous n'avons pas trop de maladies. » À l'arrachage, les mottes sont enveloppées d'une toile de jute puis grillagées. Teun De Jong sous-traite le transport à un professionnel dont l'équipe de chauffeurs a l'habitude de décharger les arbres et peut donner des conseils aux paysagistes.
La pépinière peut s'agrandir progressivement en puisant chaque année sur les terres de grandes cultures : de 8,5 ha plantés en 2002, la surface de pépinière est passée en 2012 à 65 ha. Elle produit des arbres tiges, des sujets préformés, des topiaires, très peu de conifères, et augmente peu à peu les cépées de 3 à 4 ans, de plus en plus appréciés. En ce début d'année, certaines espèces ne sont déjà plus disponibles, signe que le professionnel trouve encore une clientèle « en demande d'une production de qualité ». Malgré tout, Teun De Jong regrette des appels d'offres qui tirent les prix vers le bas – en particulier ces deux dernières années –, sans respect des exigences des cahiers des charges (voir l'encadré ci-contre). Ce sera pour 2012 son cheval de bataille...
Valérie Vidril
Pour accéder à l'ensembles nos offres :